Définition de CPAC, E

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-bè-sé ; quelques-uns disent a-bé-sé. Ai prend le son è ou ê, quand la syllabe qui suit est muette 

DÉFINITIONS

1
Rendre moins haut, faire descendre. Abaisser un terrain. Il faut abaisser ce mur d'un mètre. Abaisser la paupière. Abaisser un store. Abaissez vos regards sur lui.
Ayant un corps qui vous aggrave et vous abaisse vers la terre
de Blaise PASCAL dans édit. Cousin.
Abaissons la [l'âme] à la matière
de Blaise PASCAL dans ib.
Jamais étoile, lune, aurore, ni soleil, Ne virent abaisser sa paupière [du dragon] au sommeil
de Pierre CORNEILLE dans Méd. II, 2
Disposez de sa main, et pour première loi, Madame, ordonnez-lui d'abaisser l'oeil sur moi
de Pierre CORNEILLE dans Tite et Bér. IV, 3
2
Sémantique : Fig. Rendre moins élevé, faire décroître, diminuer. Abaisser la voix. Abaisser le prix des denrées. La découverte des gisements de la Californie a abaissé la valeur de l'or.
Car enfin n'attends pas que j'abaisse ma haine
de Pierre CORNEILLE dans M. de Pomp. III, 5
De moment en moment son âme plus humaine Abaisse sa colère et rabat de sa haine
de Pierre CORNEILLE dans Méd. III, 2
3
Déprimer, humilier, ravaler. Abaisser le pouvoir de quelqu'un. Abaisser l'orgueil. Abaisser la majesté des lois. Abaisser la vertu.
Pour abaisser notre orgueil et relever notre abjection
de Blaise PASCAL dans édit. Cousin.
Aujourd'hui devant vous abaissant sa hauteur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brut. I, 1
Une esclave chrétienne et que j'ai pu laisser Dans les plus vils emplois languir sans l'abaisser
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, IV, 5
Ils abaissent les Grecs, ils triomphent du Maure
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. II, 1
Pensez-vous abaisser les rois dans leurs ministres ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brut. V, 2
Plutôt que jusque-là j'abaisse mon orgueil....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, I, 2
Mais nous aurons bientôt abaissé son audace
de Jean-François DUCIS dans Oth. I, 2
Je mourrai satisfaite après cet orgueilleux, Sous qui César m'abaisse à force de l'accroître
de Jean de ROTROU dans Bél. II, 17
Mais, croyez-moi, l'amour est une autre science, Burrhus, et je ferais quelque difficulté D'abaisser jusque-là votre sévérité
de Jean RACINE dans Brit. III, 1
4
Abaisser pris absolument.
Que s'il plaît au Seigneur, qui selon les conseils de sa sagesse élève et abaisse...
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 212
5
Sémantique : En termes de chirurgie, abaisser la cataracte, faire descendre, à l'aide d'une aiguille introduite dans la chambre postérieure de l'oeil, le cristallin au-dessous du niveau de la pupille.
6
Sémantique : En termes d'algèbre, abaisser une équation, en diminuer le degré.
7
Sémantique : En termes de géométrie, abaisser une perpendiculaire sur une droite, mener d'un point pris hors d'une ligne une perpendiculaire à cette ligne.
8
Sémantique : En termes de pâtisserie, abaisser la pâte, l'étendre avec le rouleau et la rendre aussi mince qu'on veut.
9
Sémantique : En termes d'horticulture, abaisser une branche d'arbre, la raccourcir.
10
Sémantique : En termes de fauconnerie, abaisser l'oiseau, diminuer la nourriture habituelle de l'oiseau, afin de le rendre plus léger au vol et plus avide à la proie.
S'ABAISSER, v. réfl.
11
Devenir plus bas. Ces nuages s'abaissent vers la terre. Le terrain va en s'abaissant. Là où les collines commencent à s'abaisser. Le soleil s'abaisse.
Sur le chaume de ces demeures Déjà le soir s'est abaissé
de MILLEV. dans Élég. I
Et vous, sous sa majesté sainte, Cieux, abaissez-vous
de Jean RACINE dans Esth. III, 9
12
Sémantique : Fig. S'abaisser, devenir plus bas, se proportionner à, condescendre. La voix s'abaisse. S'abaisser à la portée de ses élèves. Chercher la popularité en s'abaissant.
Il s'abaissait jusqu'à converser avec une femme de Samarie
de Jean-Baptiste MASSILLON dans av. Disp.
Faites bien concevoir à M. Despréaux combien vous êtes reconnaissant de la bonté qu'il a de s'abaisser à s'entretenir avec vous
de Jean RACINE dans Lettres à son fils.
Et fait comme je suis, au siècle d'aujourd'hui, Qui voudra s'abaisser à me servir d'appui ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Peut-elle s'abaisser jusqu'à souffrir ma vue ?
de Pierre CORNEILLE dans Perth. II, 4
13
S'humilier, en bonne et en mauvaise part, se courber, se dégrader. S'abaisser devant Dieu. S'abaisser sous la main divine qui châtie. S'abaisser aux prières. S'abaisser jusqu'à plaider sa cause.
Je ne m'abaisserai pas au point de.... Votre fierté, Porus, ne se peut abaisser
de Jean RACINE dans Alex. V, 3
Est-il juste après tout qu'un conquérant s'abaisse Sous la servile loi de tenir sa promesse ?
de Jean RACINE dans Andr. IV, 5
Vous voulez que le roi s'abaisse et s'humilie....
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Vestibules profonds, parvis silencieux, Où viennent s'abaisser les coeurs religieux
de LEMERC. dans Fréd. et Brun. I, 1
De savoir si peu m'abaisser, céder dans les rencontres, supporter un mépris....
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 405
Je rougis que mon père, Pour l'intérêt d'un fils, s'abaisse à la prière
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. I, 1
Voudra - t- il qu'on s'abaisse à ces honteux moyens ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, II, 1
D'un coeur tel que le sien l'audace inébranlable Ne sait point s'abaisser à des déguisements
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ad. II, 5
Ne vous abaissez pas à soupirer pour elle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. IV, 2
S'il se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante.... Forcé à s'abaisser d'une ou d'autre manière.... Et s'il ne s'abaisse à cela
de Blaise PASCAL dans édit. Cousin.
Qui nous retrace dans le souvenir comment il a quitté le sein de son père et il s'est abaissé jusqu'à nous
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. III, p. 300
Est-il une démarche si humiliante où il ne s'abaisse, dès qu'il croit qu'elle peut le conduire à son terme ?
de Louis BOURDALOUE dans ib. t. II, p. 172

SYNONYME

1
1° BAISSER, ABAISSER. Faire descendre, faire aller de haut en bas. Baisser est absolu et Abaisser est relatif. Baisser une chose, c'est la mettre plus bas qu'elle n'était ; abaisser, c'est la mettre plus bas qu'une autre ou du moins la faire descendre jusqu'à une autre qui était plus bas qu'elle. Au fond, abaisser, c'est baisser vers, LAFAYE., C'est là le fond de la différence entre baisser et abaisser. Toutes les fois qu'on voudra faire sentir cette idée de direction, on préférera abaisser à baisser. Ainsi le chevalier baissa la lance ou abaissa la lance ; on dira plutôt le premier pour indiquer que la lance est baissée sans aucune intention ; on dira plutôt le second pour indiquer que le chevalier la baisse vers un objet déterminé, la met en arrêt par exemple.
2
2° ABAISSER, RABAISSER, RAVALER, HUMILIER, AVILIR. Tous ces mots ont le sens général de déprécier. Abaisser n'a rien de plus que le sens général. La malignité humaine abaisse la vertu. Rabaisser est plus fort ; on rabaisse ce qui est beaucoup trop élevé, l'arrogance, la présomption. L'envie, ne pouvant s'élever jusqu'au mérite, pour s'égaler à lui, tâche à le rabaisser. Ravaler exprime une idée analogue à rabaisser, mais avec plus de violence et d'emportement. Avilir attire la honte, imprime la flétrissure. Le grand homme peut être humilié, ravalé, mais non pas avili. De grands motifs nous engagent à nous humilier, à nous abaisser, aucun à nous avilir. L'homme modeste s'abaisse, on rabaisse la présomption, l'esprit de parti ravale les hommes éminents, le lâche s'avilit, le pénitent s'humilie, ROUBAUD.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
David guerria fierement les Philistins et moult les abaissa
dans Rois, 146
Ses grant orguels [sera] abaissez
dans Ronc. p. 21
Sainte iglise dreit lui abaissier [il] ne lerra, Ne à laie [laïque] justice les clers ne livrera
dans Th. le mart. 27
Moult durement vers lui en ire [le roi] s'enflamba, Et très bien lui pramet [promet] que il l'abaissera, Et là où il le prist que il le remetra
dans ib. 28
Il s'abaissa [se baissa], si a pris un cuillier ; Le portier [il] fiert parmi le hanepier [la nuque] ; Li sans en chiet dusqu'au talon derrier
dans Bat. d'Aleschans, 3886
2
XIIIe s.
Fu requis Jofrois qu'il alast à Andrenoble et qu'il meist conseil à ce que ceste guerre fust abaissie [finie]
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CXIX.
Cis feus [ce feu] fu si grans et si oribles que nel pot nuls abaissier ne esteindre
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XCI
Bien fust la crestienté essaucie [exhaussée] et non mie abaissie
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XXXIV
Mais or ne pensez plus pour riens Que je m'amour donner vous doie [doive] ; Trop durement [je] m'abaisseroie
dans Blonde et Jehan, 884
On ne doit pas penre [prendre] garde s'il [le prix] monte ou abaisse au marché
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXVII, 4
De la fontaine m'appressai [m'approchai] ; Quand je fui près, si m'abaissai Pour veoir l'iaue qui couroit
dans la Rose, 1532
3
XIVe s.
Icelle femme desmenti plusieurs fois le suppliant en abaissant honneur de sa personne et de son office
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans abassare.
4
XVe s.
Certes, seigneurs, Jean Lyon se souffre maintenant et abaisse la teste bien bas
de Jean FROISSART dans II, II, 52
Or entendez au soustenir [soutenez-le] ; Car je le voy bien qu'il s'abesse
dans la Pass. de N. S. J. C
5
XVIe s.
Le peintre eut charge d'abaisser de couleur l'endroit qui estoit par trop enluminé
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Faen. IV, 11
Ils ne se pressoient pas beaucoup de partir et attendoient la chaleur à s'abaisser [que la chaleur fût tombée]
de Bonaventure DESPÉRIERS dans contes, 39

ÉTYMOLOGIE

1
À et baisser ; provenç. abaissar ; espagn. abaxar ; ital. abbassare.

Synonymes de ABAISSER

Termes proches de ABAISSER

Phonétiquement proche de ABAISSER